lundi 2 février 2009

Ruines (17/05/07)

Les cheveux clairs

Les yeux sombres comme une nuit d'orage

Ses propres cris, assourdissants, résonnent dans son crâne.

A ses pieds, ses larmes, les chairs molles de son âme, collantes, sanglantes, spasmodiquement, gisent.

Ses hurlements se répercutent froidement contre les portes closes des coeurs indistincts qui l'entourent, l'évitent, se ferment.

Il veut dire qu'il sait

Que chaque larme est un remord

Il sait

Que sur sa forme inconsistante nul regard ne peut décemment se poser.

Il erre

Le vent froid, les visages morts

Les aboiements des chiens au loin,

Les terrains vagues, les journaux déchirés qui crissent et roulent au sol,

Et les pelures d'orange souillées

Le silence irraisonné, le vide sans échos,

sont son lot.

Il pleure mais déjà,

Le lit tortueux du torrent de ses larmes s'est asséché

Et ne reste dans son regard qu'une indicible terreur

Drapée d'indifférence.

Les tôles rouillées des entrepôts délabrés le narguent

Quelles sordides histoires se sont déroulées en ces lieux où nulle flamme ne brûle?

Quel guêpier l'y attend qui inexorablement l'aimante?

Ferme les yeux,

Offre ton corps

Fixe le prix que tu veux.

Allongée sur le sol d'un immeuble déserté, l'ombre dort

Dans ses joues creuses des tranchées

Creusées par on ne sait quel terrifiant acide.

Il grelotte, sa crasse,

Pour épaisse qu'elle soit

Laisse passer par les accrocs de ses fripes

Un funeste déluge.

Ses bras, son corps

Ne demandent avec une réminiscente tendresse

Qu'un simple enlacement...

Une créature assoiffée cherche ce soir

Sa première victime de la nuit

Ce cou le tente!

Mugit-il.

En un éclair il fond sur sa proie et l'enveloppe de ses bras.

C'est l'ombre qui l'a séduit

Et qui maintenant

Logée contre son coeur,

S'accroche à sa nuque.

Ses yeux s'entrouvrent

Ses longs cils poussiéreux laissent apparaître en ombres chinoises

Deux somptueuses iris.

Ses lèvres gercées s'écartent

Et de sa gorge jaillit en un infâme gargouillement

Un appel à l'aide

Qui sonne comme une déclaration d'amour

Déjà le vampire

Veut voir son visage

Déjà, avide, il veut sentir son corps.

Ravi et curieux

Il l'emmène avec lui

Et le laisse reposer

Dans la chaleur de son antre.

Doucement il le lave

Aussi doucement qu'il le regarde

Et pourtant ses yeux ne sont que deux pierres mortes

Deux onyx sans pitié.

Il le savoure délicatement

Comme il le ramène à la vie

Il le caresse et ses gestes

Façonnent à nouveau le corps disparu de l'ombre

Par ses caresses il renaît

Par son désir il recouvre l'envie

Et lorsqu'il redevient le beau garçon à la chevelure pâle et aux yeux de tonnerre du passé

Alors le vampire

Avec délectation

Boit à même sa gorge son essence savoureuse

Et au bout de leurs jouissances

Les yeux dans les yeux, l'âme de sa proie, intense,

Lentement s'évapore.

Et ne subsiste dans l'air

Et dans le coeur du suceur de sang

Qu'un râle de désespoir, infiniment.

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