vendredi 5 février 2010

Epinale

Une rose rouge en travers de ton lit
Allongée, tu me souris

Sur ton oreiller, la fleur que j’avais déposée,
Gît, dévastée
L’onde éparpillée de tes boucles en soie
S’est fait une couronne de ses épines.
Ta robe bien mise, ta jolie robe
Blanche et verte,
Est grande ouverte
Sur ton corsage lacé.
J’ose à peine m’avancer
J’hésite à te toucher
Mais ta pureté en volutes s’évapore déjà
Tes idées vénéneuses en fleuve autour de toi.
… Tu souris.

Je ne fais pas le poids
Ma petite vierge affamée,
Rongée par les vers de la disgrâce !
Petite trainée, pense ainsi, pense donc encore,
Tu verras qu’un jour
La crasse de tes idées aura contaminé ton corps.

Tu souris.

J’évite ton regard
Tes idées perfides en cascades sur les épaules
Tes idées félonnes qui se torsadent le long de tes bras
Puis qui font les malines, en tourbillon sur ta poitrine
« Tu as le Diable dans les yeux ! »
Tes jambes s’écartent, généreusement
Tu es nue sous ta robe
Et là aussi, tu souris.

J’efface ton audace du bout de mes doigts d’abord
Puis je m’immisce dans ton rictus
Je perfore ton innocence,
Te bafoue sans remords
J’ensanglante enfin tes idées sales,
A pleines mains, à pleine bouche
Te dévore.

… A présent, tu pleures.

Je te regarde bien en face, souris pour deux,
Souris surtout pour moi
« Heureuse ? »
Tu ne m’écoutes pas

La tige de notre rose s’est brisée entre tes doigts.

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