Sur la neige vierge, le cadavre d’un jeune homme aux cheveux blancs.
Le nez rougi, les lèvres pâles, ses longues mèches de nacre sont maculées de sang.
Il a une rose dans la main gauche, une rose blanche fraîchement éclose.
Elle est un peu humide de la rosée matinale, un peu humide de la goutte de sang sur l’un de ses pétales.
Le bras droit du garçon est replié sous lui, lui est couché sur le flanc. Une chaîne d’argent s’échappe d’entre ses doigts fins.
Des larmes cristallines ont gelé sur ses joues.
Ses yeux, asséchés par la mort, sont mi-clos. A travers les cils fournis et clairs, on peut apercevoir des orbes bleu pâle, presque transparents.
La bouche en forme de bouton de rose est figée dans une moue infiniment empreinte de tristesse…
De sous son poignet droit émerge le pendentif relié à la chaînette argentée, saupoudré de quelques flocons de neige. Il s’agit d’un objet savamment ouvragé où l’on peut mettre les photographies de ceux que l’on aime.
Il est ouvert.
Seulement, il est vide, et la seule chose que l’on peut y voir est une fine inscription gravée sur l’un des battants : « Je t’aime. »
A des kilomètres de là, un autre homme dont l'épaisse chevelure est soulevée par la brise, regarde d’un air rêveur la photographie minuscule et ovale qu’il tient entre les doigts.
Elle le représente, lui, et un jeune homme aux cheveux blancs, enlacés dans un baiser d’une infinie tendresse.
La main diaphane de l'homme tâche l’image du sang qui la macule.
Un sourire en coin, il murmure pour lui-même : "C'était une belle histoire." puis confie la relique au vent.
L'air trop vif inonde soudain ses yeux de larmes
Il les chasse du revers de la main, avant de disparaître.
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