lundi 7 janvier 2013

Aspiration 0

De faux sourires de chair, que de chair
le désir ardent de se fendre sur toute la longueur
pour qu’enfin s’exhale la pestilence des corps
et, cage thoracique déployée

,s’élancer dans les airs comme un ange
jouir de l’étreinte lâche de sa peau devenue soie
glissant petit à petit le long des épaules des flancs des jambes,
jusqu’aux chevilles jusqu’au bout des orteils
nous laissant en se décrochant constellés de points d’ancrage rouge écarlate
pour venir l’Autre s’accoster à nous.
S’amalgamer toi à moi, plus qu’un rêve

Tes lèvres seraient mes lèvres seraient ta peau et mes joues, tes dents et nos cheveux
ton cou mon cou
et mes hanches sous tes mains la cartographie de mes nerfs suivie du bout de tes doigts
nous mènerait directement à ta propre cervelle, visqueuse que les ongles érafleraient
et nos deux fronts et nos deux poitrines s’abolissant
Nous enlaçant nous nous mélangerions

Arrachées, alors, nos œillères
les regards qui se détournaient, explosant en mille fragments gélatineux
nos chairs partagées, muscles doublés, volonté de fer,
parmi les nôtres anéantiraient les amertumes, pulvériseraient les rancœurs

Puis autour du monde, nous imitant, humanité,
te fonderais peu à peu en une masse compacte, 
chairs et âmes entrelacées
UNE

Tu deviendrais Mutante, hideuse, et tes rêves… !
tes rêves seraient sublimes

(Des années plus tard tu braillerais à la gueule des étoiles
Jadis j’étais foule, divisée, souffrante
des milliards de petites choses éparpillées, moi. Oui !
regardez celle que je suis devenue
plus de « eux »
même plus de « nous »
rien qu’un seul « JE », i-i-i-i-i-m-meeense !
bouillie de muscles d’os d’organes liés, surpuissante, la circonférence d’un anneau de Saturne
épaisse comme le bras d’un dieu
et un esprit… un esprit... tel…. Un trou noir!

Mais ta pauvre bravade leur tirerait un sourire de pitié à peine
elles seules sauraient quels lourds soupirs de bête lasse tu pousserais depuis ce temps-là,
croyant que plus personne n’écoute)

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